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mercredi 13 mai 2020

Brève histoire du feu



Comment les hommes s'y prenaient-ils pour allumer du feu ? Ces six chromolithographies de la Belle Époque en retrace les grandes étapes.

Le feu par frottement dans les temps primitifs

L'une des conquêtes les plus importantes de l'homme primitif est sans contredit la production du feu, car bien des régions de la terre sont froides et inhospitalières. L'observation de ce que le frottement de deux corps l'un contre l'autre produit de la chaleur, peut avoir conduit à l'idée d'obtenir, par le frottement intensif de deux pièces de bois, une chaleur suffisante pour faire surgir une flamme. Ce ne fut qu'après avoir obtenu ce résultat qu'il devint possible de travailler un grand nombre de matières et de les rendre propres à être utilisées. Ainsi que des découvertes d'objets datant des temps préhistoriques le montrent, on se servait du feu pour creuser des troncs d'arbres et en faire des pirogues, pour ornementer le bois, les os, etc. Le feu servait aussi pour la préparation des mets et, dans les vestiges des cités lacustres, on a même trouvé des traces d'un pain grossier. Il existe encore des peuplades, notamment en Amazonie, qui ont conservé la coutume de produire du feu par le frottement.


Inflammation par les rayons solaire

Déjà dans l'ancienne Grèce, on se servait des miroirs concaves taillés dans le cristal de roche, pour produire du feu par concentration des rayons solaires sur une matière inflammable. Dans les pays chauds, on utilisait bien souvent cette sorte de miroir pour allumer du feu, bien que chez les Romains, par exemple, on se servit encore longtemps d'un appareil à frottement. Dans les pays où le soleil luit moins fréquemment, il fallut recourir à d'autres expédients. - A Paris, on avait dans le temps imaginé une combinaison très ingénieuse pour marquer l'heure de midi. Comme le montre la vignette, un petit canon que l'on voit encore dans les jardins du Palais Royal, était orienté de façon à ce que les rayons solaires, concentrés par une lentille, tombent dans le canal de lumière aussitôt que le soleil atteignait le zénith, de sorte que la détonation se produisait exactement à midi. 


Le briquet hydro-platinique

Le chimiste Döbereiner inventa en 1823 le briquet hydro-platinique qui obtint un grand succès dans les salons de l'époque. L'appareil se compose d'un bocal de verre hermétiquement fermé, rempli aux deux tiers d'acide sulfurique. Un cylindre en verre fixé intérieurement au couvercle et dans lequel est suspendu un morceau de zinc, descend jusque dans l'acide. Lorsqu'on visse le couvercle sur le bocal, le zinc plonge dans l'acide sulfurique et commence à se combiner avec celui-ci. L'hydrogène qui se dégage alors, s'accumule dans le cylindre et refoule l'acide de telle sorte que la décomposition du zinc est arrêtée. Quand on ouvre le clapet d'un petit tube qui traverse le couvercle et met le cylindre en communication avec l'extérieur, l'hydrogène s'échappant s'enflamme au contact d'un peu de mousse de platine contenue dans une capsule et brûle avec une flamme bleuâtre. La vignette représente des fumeurs qui, au moyen d'allume-pipes en papier, viennent prendre du feu à un briquet hydro-platinique.



Paysanne battant le brique

Le briquet fut pendant une période très longue l'allume-feu généralement en usage et s'est maintenu longtemps dans le ménage du paysan. On s'en servait de la manière suivante : au moyen d'un petit outil en acier portant plus spécialement le nom de briquet, on frappait une pierre à fusil de façon à en faire jaillir des étincelles qui, en tombant sur des chiffons ou de l'amadou contenu dans une boîte de fer blanc, allumaient ces derniers. Il suffisait alors d'y enflammer une mèche soufrée, au moyen de laquelle on mettait le feu aux broutilles dans le foyer, tandis que l'amadou s'éteignait dans la boîte. La vignette représente une paysanne battant le briquet.


Le briquet chimique

Le briquet chimique, généralement connu depuis 1820, constituait alors un progrès important. La vignette montre un père de famille qui, au moyen de ce briquet, allume les bougies de son arbre de Noël. L'appareil, très simple, se composait en tout d'un flacon rempli à moitié d'amiante écrasée et imbibée d'acide sulfurique. Quand on voulait avoir du feu, on prenait une espèce d'allumette enduite au bout d'un mélange de chlorate de potasse, de gomme, de sucre et de mucilage d'adragant et on la trempait dans l'acide sulfurique, ce qui suffisait pour produire l'inflammation du bois.


Les premières allumettes phosphoriques

Un événement marquant fut l'invention des allumettes phosphoriques qui étaient appelées à supplanter tout ce qui avait été imaginé jusqu'alors pour obtenir du feu et qui, pouvant être allumées par frottement sur une surface quelconque, furent longtemps en vogue parmi les marins. Ces allumettes, beaucoup plus grandes que celles que l'on emploie aujourd'hui, étaient trempées par l'un des bouts dans une solution de phosphore blanc qui, après avoir séché, était recouvert d'une solution de gomme. A cause de l'inflammabilité du phosphore, le bois prend feu par l'effet d'un frottement léger. Les allumettes suédoises non toxiques (sans soufre et sans phosphore) ont à leur tour entièrement supplanté les autres.

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