Je t’ai peint de couleurs et de miroirs ainsi que de chants cristallins, parce que petit homme, je te voyais de loin. J’avais pris la forme parfois mutine d’une ondine et je parcourais des distances incommensurables tout en flottant sur les eaux de certains marécages et tu ne me voyais pas, ou si peu. Je prenais l’apparence d’un feu de joie dans les reflets des roses lunaires, et je riais de retrouver ici ou là les perles et le corail. Je pouvais te regarder derrière le saule pleureur, et puis aussi m’évanouir dans les écumes du soir, quand ton front perlait de certaines translucides mémoires. Je te voyais recueillir une goutte, puis une autre. De façon à ce que tu puisses me reconnaitre, j’y versais l’évanescence d’un effluve de rose. Il ne s’agissait pas de n’importe quelle rose. Ce rose est celui d’une petite fille qui l’a couché sur un mouchoir à l’aide d’un fin pinceau, afin de broder un pétale délicat. Elle s’en souvient encore, tel le geste qui ose à peine effleurer le tissu blanc. Petit homme, la déesse prit l’apparence de petits rochers ondoyants, non loin d’un océan dont le nom est serti des bleuets de mers antiques. Te confierai-je ce secret ? La déesse devint une étoile dans la main d’une enfant. La beauté vénusienne de cette très ancienne princesse remonte à celle de Néfertiti. Sa grâce avait conquis alors le monde entier. Elle avait prononcé l’exacte exactitude des mots au sourire d’une Aube nouvelle, et dans les mains de l’Amante, il se vint naître plusieurs sortes de coquillages. Je t’ai peint d’Amour quand l’ombrelle se transforma en une soie de couleur rubis. Je sais que tu noues tes mots pour ne pas les perdre et, je sais que tu en fais un collier précieux de vagues qui se déploient. C’est à la chaleur de ton cœur que je t’embrasse, Ô Rapsode sauvage !
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