Je l’ai vu, cet homme d’un certain âge, poussière au vent de ses nuages, clés perdues dans le sillon de son voyage ; il avait tenu ce miroir des huit présents, et ne savait qu’en faire. Il le tint tout d’abord éloigné de lui, puis avait, comme un animal, léché la surface, puis encore, il avait placé son regard et l’avait collé à ses oreilles. Plus tard, il m’en fit le récit. Ce miroir s’appelle : les huit présents. Ce récit n’en mentionne qu’un.
Les pierres ont parlé et elles se sont fendues en deux, laissant leur joie s’écouler. Les pierres ont suinté, et arrondies sous le soleil de leur fébrilité, elles ont laissé leurs histoires se raconter. Sur le sol de notre terre, que les tombes amoncellent, je n’inscris rien, mais à la pierre de notre feu intérieur, il s’est chanté des longs murmures de constance et de beauté. Sur le chemin de grève, sur les falaises de nos aspérités, sur les roches ébaubies, sur le parterre des garrigues, sur les massifs bleutés, sur les petites allées, sur la terre jaune, sur la terre de neige hébétée, sur la terre noire des volcans incendiés de peurs et de nos jaillissements, tremblements, sur la terre rouge de nos passions enflammées, et sur la terre brune de nos vertes vallées, en toutes pierres, en nos heures dans l’océan de notre fraternité, en la terre de lumière, en cette voix qui nous est chère, en cette exclamation sans que rien ne vienne la troubler, en ces morceaux de verdures et ces primevères, quand même l’ignorance nous a rattrapés, quand même nos illusions sèment ces perles de rosées, je tiens l’étendard d’aucune magie, si ce n’est celle de la résorption, car il n’est aucune illusion, et j’ai vu quelqu’un prendre un miroir et glacé croire à l’image du reflet, puis brandir l’étain, le cristal et l’eau de chaque côté et soudain, le monde lui apparut comme la lumière à peine bleuie, à peine voilée et la rose délicate devenue les yeux de l’amoureux, quand les cœurs se fondent à l’unisson et chantent. Le miroir a éclaté et des directions de l’espace invisible, les points ont dansé. Je ne sais, je ne sais. La folie, sans doute de boire à l’eau d’un miroir, et de voir que mes yeux ont un cœur, et que mes yeux sont le présent pour l’éternité.
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