Une causerie de Frère Eugène
Peinture de Adolf Humborg (1847-1921)
Une chose me paraît étrange, voire extravagante :
Les gens, lors qu'ils désirent voyager, pour le plaisir,
S'y préparent avec une attention étonnante
Prêts, pour ce, à tout sacrifier à leurs loisirs.
Rien n'est laissé au hasard, rien ne s'improvise ;
L'on emprunte même, s'il faut ; l'on verra bien venir !
Et entre deux sorties, l'on se plaint de la crise,
Déplorant que ternisse le rose de l'avenir.
Oui, ce qui me laisse perplexe, c'est que Le Voyage,
Le Plus Grand ! Le Plus Lointain ! Le Définitif !
Et pour lequel l'on n'a besoin d'aucun bagage,
D'aucune réservation, d'aucun choix sélectif,
Est justement celui que l'on prépare le moins !
L'on fait mine que l'évènement n'aura pas lieu,
L'on n'est point pressé de rendre son âme à Dieu.
Mais beaucoup, n'y croyant pas, n'en prennent aucun soin.
Frère Eugène
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