Blasons d'Eybens (Isère, Rhône-Alpes) et de Sainte-Colombe-sur-Guette (Aude, Occitanie)
Allégorie 17 – La Colombe
J’étais encore tout occupé des paroles agréables du faucon, et je méditais sur les leçons de sagesse et de prudence qu’il m’avait données, lorsque je vis devant lui une colombe ornée du collier de l’obéissance. Parle-moi de ton discernement, et de ce que tu aimes, lui dis-je alors ; et révèle-moi les motifs qu’a eus la Providence en te parant de ce beau collier. Je suis chargée, me répondit-elle, de porter les doux messages qui gagnent les cœurs, et ce collier est le signe de ma fidélité à remplir les commissions qu’on me confie ; mais, pour parler avec franchise, car la religion ordonne la sincérité, tous les oiseaux ne méritent pas qu’on se fie à eux, de même que ceux qui prêtent serment, ne sont pas tous véridiques, et que ceux qui s’engagent dans la vie spirituelle, ne sont pas tous du nombre des élus. Les individus seuls de mon espèce rendent exactement ce dont on les charge ; et ce qui prouve mon intégrité, c’est cette sentence : « Les oiseaux bigarrés de noir et de blanc, et ceux qui sont verts, remettent fidèlement ce qu’on leur confie, parce que de même qu’ils sont préférables à l’extérieur, ils le sont aussi en réalité. Lorsque l’oiseau est noir, il n’est pas propre à l’objet dont il s’agit ; s’il est blanc, cette couleur est le signe d’une imperfection naturelle, et indique un manque d’énergie qui le rend incapable de faire ce qu’on désire. Les vues et les desseins élevés ne se trouvent que dans l’âme pure, noble et droite. Mais lorsque la couleur de l’oiseau est dans un juste milieu, il est excellent pour les messages, et on doit l’élever pour cet emploi. On l’achète alors dans les bazars, aux cris des courtiers qui annoncent les marchandises, et on le dresse peu à peu à reconnaître son chemin. Aussi, dès que je m’offre pour quelque message, n’hésite-t-on pas à me, confier des lettres pleines de secrets, et à me charger de nouvelles agréables. Je pars ; mais bientôt la crainte vient troubler mon esprit ; je veux éviter l’oiseau de proie sanguinaire, le voyageur aux pas rapides, et le chasseur impitoyable ; j’accélère donc mon vol, supportant une soif ardente dans les déserts du midi, et une faim cruelle dans les lieux pierreux. Si je voyais un grain de froment, je m’en éloignerais même, malgré le besoin qui me presse, me rappelant le malheur affreux que le blé fit tomber sur Adam ; et, dans la crainte d’être exposée à ne pouvoir porter la lettre à destination, et à conclure ainsi le marché de la dupe, j’évite avec grand soin de tomber dans un filet caché sous la poussière, ou d’être prise dans des lacs perfides. Dès que , parvenue au but de mon voyage, je me vois dans un lieu de sûreté, je remets alors ce dont on m’a chargée, et je me comporte de la manière que l’on m’a apprise. Tu vois actuellement pourquoi je suis ornée d’un collier : j’ai été créée pour transmettre de bonnes nouvelles, et je remercie Dieu de m’avoir choisie pour cet emploi.
Chère amie, puis-je espérer d’obtenir de toi la moindre faveur, ou me délaisses-tu ! L’esclave de ta beauté ne cessera point, dans l’un ou dans l’autre cas, de t’être fidèle ; il n’est pas ébranlé par les paroles du censeur ; rien ne saurait le faire renoncer à sa noble passion. Pour ton amour, je n’ai pas craint d’accepter ce que les monts les plus élevés ont refusé. Oui, je serai fidèle à la foi que je t’ai jurée ; la fidélité aux engagements que l’on a contractés, est le plus bel ornement qui puisse décorer l’homme bien né.
Laisse-le se livrer à l’amour de la beauté qui le captive ; car ton sort est le même que le sien, ô toi qui lui fais de cruels reproches.
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