Blason de Belloeuvre de Charbon (Maine, Armorial de Rietstap, 1884)
Il n’est de la nuit que le retour du jour,
mais la lumière est si lente à venir que les âmes se languissent et se dessèchent.
et se meurent à force de se tendre et d’espérer si âprement une réponse à ce silence intolérable.
La nuit est un cercueil qui broie les os des vivants et des morts comme on écrase l’inutile et comme on abandonne aux chiens les oripeaux de nos corps épuisés.
C’est que la vie nous a trahis et nous berce dans la mollesse de ses jours qu’elle prétend sans fin, alors que nous savons l’échéance et le terme, tant est écrit dans la moindre de nos rides l’inéluctable fatalité.
Nos yeux sont noirs d’avoir pleuré tant de larmes sèches sur des illusions perdues et parfois retrouvées pour les perdre à nouveau,
nos bras sont lourds d’avoir tant porté les détresses enfouies de nos femmes et de nos enfants et de nos mères,
nos jambes ne savent plus ce que marcher veut dire et désormais nous refusent le moindre pas,
nos bouches n’ont plus de mots pour décrire le vide qui nous enserre,
nos oreilles voudraient que crève ce silence morbide et qu’il éclate en un chant vigoureux,
mais la peine est trop vive et le ciel trop sombre.
Alors que me dira-t-il celui qui sait tout à moi qui ai tout désappris, moi dont la mémoire à jamais effacée contemple un trou béant
et que dirai-je à ceux que j’aime qui peu à peu me quittent,
que me dira-t-il, maintenant que le désert m’a totalement vaincu ?
Il n’est de la nuit que le retour du jour, mais du jour que reste-t-il ?
Jean d'Armelin
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