Rei de Clavomnia (Rois de Cologne), détail
Livro do Armeiro-Mor, f°49 (©Arquivo Nacional Torre do Tombo)
Livro do Armeiro-Mor, f°49 (©Arquivo Nacional Torre do Tombo)
Dans un pays lointain, que nul ne connaît
de nos jours, hormis le présent et secret narrateur qui nous a soufflé
l’histoire, vivaient trois Rois. Ils étaient tous des frères et rien ni
personne ne pouvaient les séparer. Ils n’étaient animés par aucune
rivalité ou désir de domination. Chacun possédait un vaste royaume. A
eux trois, ils formaient un Empire indestructible. Il leur arrivait de
se rendre visite assez régulièrement les uns les autres, compagnés par
leurs gens, des domestiques, des valets de toutes sortes, et même de
quelques étrangers qui se joignaient volontiers au cortège. Tout le long
du voyage, l’on faisait vibrer les tambours, et divers musiciens
s’harmonisaient au rythme de la marche des voyageurs. L’ensemble était
joyeux, parfois même lyrique, car ces frères s’aimaient et se
chérissaient sans limite, tandis que leurs chants le voulaient le
manifester avec un enthousiasme sans borne. Leur royaume respectif se
concentrait sur les sagesses mémorielles. Ils étudiaient assidûment les
textes du passé, et offraient à tous les penseurs, les méditants, les
saints, l’occasion de fonder de nouveaux textes basés sur l’observation
de tous les éléments propres à la nature de chacun. Certains philosophes
venaient de très loin. Souvent, l’on voyait se joindre à eux des
poètes, nobles chevaliers de La Lyre Céleste. Lors de ces
rencontres, tous ces hommes savaient, avec un esprit fort judicieux,
synthétiser L’Esprit de leur maître intérieur. En ces temps-là, nul
conflit entre eux ne venait ruiner les bonnes manières, les bons
sentiments, le naturel des uns et des autres. Des pèlerins
s’aventuraient jusqu’au château et y trouvaient toujours asile.
Pourtant, il arrivait que quelques malheurs s’abattissent sur leur
gracieuse entente. Des incursions depuis des temps et espaces reculés
se voulaient assiéger leur monde. Les trois royaumes formaient alors
une ligue et ripostaient face à leurs adversaires avec une grande
véhémence, craignant que leur Empire ne sombrât aux mains de leurs
ennemis acharnés, ceux-ci mus par une cruelle sauvagerie.
Ces Rois étaient des Soleils, et ils
attiraient semble-t-il, depuis les siècles passés, des ignorants qui les
jalousaient et méconnaissaient assurément les grandeurs de
l’authenticité humaine.
Qui n’a pas reconnu la splendeur d’un
arbre, n’en voit guère les nobles ramures. Qui n’a pas vu les
rayonnements du Soleil, ne peut reconnaître la solarité d’un Roi. Qui ne
s’est pas assis en La Présence de ces trois astres, ne peut être saisi
par les affres de leur absence, ni pleurer leur perte.
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