Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

mercredi 28 octobre 2020

D'un vieil homme, d'un vieux poirier et du sabot

 

Blason de La Tartre-Gaudran (Yvelines, Ile-de-France)

De gueules à un sabot d'argent voguant sur une mer fascée ondée d'azur et d'argent de six pièces; au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or; à un mat habillé d'argent mouvant du sabot et brochant sur le chef.


      Je revois le vieil homme toujours revêtu d'un tablier bleu de jardinier et chaussé de sabots. Octobre venu, il emmenait son unique vache dans les prairies à fauche passées en vaines pâtures, selon un droit d'usage très ancien. Il choisissait généralement le même endroit, près d'un vieux poirier dont les petites poires sanguines faisaient le délice des enfants chapardeurs que nous étions. C'était le seul dans son genre et jamais plus, depuis ce temps, je n'eus l'occasion de goûter à ce fruit rare. L'arbre se trouvait au pied d'une colline plantée, à son pied, de vergers et de vignes sur sa hauteur. À la saison des cueillettes et des vendanges s'y égayait tout un joyeux monde réunissant toutes les générations. C'était avant qu'elle ne fût tranchée par l'autoroute et la ligne du T.G.V. Avant la grande ruée vers les supermarchés et la désertion générale de la vie rurale pour entrer, tête baissée, dans la modernité. Aujourd'hui, la colline n'existe plus que par son nom qui tombera lui-même dans l'oubli, à l'instar de toute la toponymie villageoise que les modes de vie modernes n'ont plus lieu d'évoquer.

      J'ignorais alors que le vieil homme était déjà le survivant d'une espèce condamnée à disparaître rapidement, une sorte de dernier des Mohicans de la ruralité profonde que les années yéyé, la télévision, la voiture et les vacances pour tous allaient arriériser sans appel et sans retour, en l'espace d'à peine une décennie.

     Au début des années 80 du siècle dernier, j'avais encore réussi à me procurer une paire de sabots en bois toute neuve, dans une grande enseigne de bricolage qui en proposait encore à cette époque. Peu à peu détrôné par la botte en caoutchouc puis en plastique, le sabot restait relativement en usage auprès de quelques vieux fermiers et jardiniers. Mais je sentis d'emblée que je mettais la main sur les fonds de stock d'une époque révolue. Aujourd'hui, le sabot en bois reste un objet purement décoratif, au même titre que des instruments agraires comme le fléau, le râteau à faner le foin ou les ustensiles sortis de la vie quotidienne. On imagine mal les objets actuels, produits en masse, remplir un jour la même fonction, le monde de l'« achète-jette » ayant davantage la poubelle ou la décharge comme lieux de destination que la brocante, les vide-greniers leur donnant parfois un petit répit.

Marc 

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