Jadis, les étiquettes racontaient des histoires
Que nous essayons ici de restituer
En allant puiser dans notre enfantine mémoire.
Le recueil, qui s'est peu à peu constitué,
Se veut suivre la tradition des fabulistes
Qui surent savamment user des allégories
Dont les correspondances forment un vrai jeu de piste.
D'être du genre fable une sous-catégorie,
Ces fabliaux, destinés à l'oralité,
Contiennent, pour certaines, des touches de moralité.
Ils ont, dans ce sens, la même fonction que les contes.
À cet effet, sachez que le premier lecteur
Auquel ils sont adressés, c'est à leur auteur,
Ne voulant être du genre qui se la raconte.
Marc
L'univers des tyrosèmes (étiquettes de fromage) est riche de dizaines
de milliers d'images qui sont, pour bon nombre d'entre elles, des
œuvres graphiques remarquables et donc artistiques indéniables. L'on en
serait même parfois tenté de s'écrier : « Quel gâchis de talent pour un
produit aussi commun ! » Pas si sûr que cela, ni pour le gâchis, ni pour
le commun. Car en vertu de quelles considérations, l'éphémère (la boîte
étant jetée une fois son contenu consommé) devrait-il être exclu de
l'art? Quant au produit en lui-même, il n'est commun que parce qu'il est
courant. Mais jusqu'à quand le sera-t-il ? Bien des choses et bien des
objets ont quitté notre vie quotidienne pour finir sur les étalages des
brocanteurs. Rien n'est pérenne.
Des milliers de petites fromageries que comptait la France, il n'en reste qu'une portion congrue. Quant aux étiquettes actuelles, elles ont perdu le charme des anciennes. C'est là un point de vue, nous dira-t-on. En effet, c'est le nôtre et nous le partageons volontiers avec tous ceux qui aiment ce charme souvent qualifié de désuet. Certes, le concept de vintage (au sens de rétro) a contribué à réhabiliter des objets sorti de l'environnement courant et quotidien, en élevant un attrait jusqu'alors plutôt perçu péjorativement comme du passéisme au rang de « genre », dont le goût singulier s'inclut désormais dans les choix admis sur l'éventail des possibilités. Mais ce n'est jamais là encore qu'un artifice de consumérisme, occupant un créneau commercial et qui joue plus sur la posture qu'il ne témoigne d'un mode vie.
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