Les glaneuses, de Jean-François Millet (1814-1875)
La nuit rend si intime le petit bout de vie qui est en nous. Et l'air fredonné sur la platine des souvenirs embellit la sensation forte que j'en ai...
Des yeux emplis de rides du passé me regardent avec une béatitude troublante, si mélancolique.
Le temps est en apothéose avec les sillons mélodieux...
Le cœur bat lentement, le souffle est saccadé.
Malgré cela, la main se tend avec fébrilité et aussi une certaine innocence.
J'ignore la pâle vie qui s'enfuit dans l'ondulation des souvenirs.
Je l'ignore, mais j'aimerais comprendre pourquoi les larmes de mon corps sont si amères, pourquoi ces yeux me quittent avec autant de désespoir... j'aimerais...
Mais, l'esclave ne peut échapper à son triste sort.
Le temps nous achève tous.
Pourtant la campagne de jadis était si belle, sa robe aux multiples fleurs tournoyait dans l'insouciance, le vent léger caressait ses froufrous...
Pourtant, nous chantions tous en chœur, les refrains de notre doux été.
La cadence est de plus en plus folle, elle continue... à m'emporter.
Je ne veux plus l'entendre !
Pourquoi l'entendrais-je au juste ?
Le visage pleure lentement, et je saisis sa douleur au point de vouloir crier dans le silence interminable de l'indifférence.
Les yeux n'ont plus de vie et sont comme à chercher avidement la pénombre de la mort, ou bien de la folie.
Je marche péniblement derrière la traîne de la petite vieille chevrotante.
Si la musique n'en finit pas de m'entraîner hors de moi, si la musique ne cesse pas d'être poignante de son enchantement, si je me laisse captiver par sa bouillonnance, si le monde n'en finit pas de se tuer, si la main n'arrête pas de trembler, je m'en irai...
Ailleurs, loin d'ici, encore la fuite incessante.
Fuir le malheur.
Pourquoi la tristesse des hommes est-elle si terrible à supporter ?
Pourquoi serais-je à la fuir ?
M'éloigner de cette misère ?
Je ne voulais pas connaître tout ce malheur.
Je ne voulais pas voir les autres souffrir, ou bien est-ce là mon enfer ?
La torture est une condamnation sans appel, non pas un simple supplice, mais la mort elle-même, oh ! combien désespérée, combien douloureuse !
J'ai mal de voir les hommes souffrir !
Trois femmes dans les champs se baissent, et dans leur geste, toute la beauté des traditions, toute la simplicité, toute cette force unifiée, tout le poids de leur fatigue aussi !
J'ai marché et, sur la route, j'ai rencontré le soleil.
J'ai saisi de leur grâce les fleurs, le parfum des abeilles qui butinent dans la poussière dorée de l'été, j'ai rencontré le chant des arbres... Mais l'enfer était à mes pieds !
Dure sueur des fronts meurtris, les mains rugueuses du long jour.
Rires étouffés qui m'appellent presque sournoisement et je ne pense qu'à déguerpir.
Des yeux emplis de rides du passé me regardent avec une béatitude troublante, si mélancolique.
Le temps est en apothéose avec les sillons mélodieux...
Le cœur bat lentement, le souffle est saccadé.
Malgré cela, la main se tend avec fébrilité et aussi une certaine innocence.
J'ignore la pâle vie qui s'enfuit dans l'ondulation des souvenirs.
Je l'ignore, mais j'aimerais comprendre pourquoi les larmes de mon corps sont si amères, pourquoi ces yeux me quittent avec autant de désespoir... j'aimerais...
Mais, l'esclave ne peut échapper à son triste sort.
Le temps nous achève tous.
Pourtant la campagne de jadis était si belle, sa robe aux multiples fleurs tournoyait dans l'insouciance, le vent léger caressait ses froufrous...
Pourtant, nous chantions tous en chœur, les refrains de notre doux été.
La cadence est de plus en plus folle, elle continue... à m'emporter.
Je ne veux plus l'entendre !
Pourquoi l'entendrais-je au juste ?
Le visage pleure lentement, et je saisis sa douleur au point de vouloir crier dans le silence interminable de l'indifférence.
Les yeux n'ont plus de vie et sont comme à chercher avidement la pénombre de la mort, ou bien de la folie.
Je marche péniblement derrière la traîne de la petite vieille chevrotante.
Si la musique n'en finit pas de m'entraîner hors de moi, si la musique ne cesse pas d'être poignante de son enchantement, si je me laisse captiver par sa bouillonnance, si le monde n'en finit pas de se tuer, si la main n'arrête pas de trembler, je m'en irai...
Ailleurs, loin d'ici, encore la fuite incessante.
Fuir le malheur.
Pourquoi la tristesse des hommes est-elle si terrible à supporter ?
Pourquoi serais-je à la fuir ?
M'éloigner de cette misère ?
Je ne voulais pas connaître tout ce malheur.
Je ne voulais pas voir les autres souffrir, ou bien est-ce là mon enfer ?
La torture est une condamnation sans appel, non pas un simple supplice, mais la mort elle-même, oh ! combien désespérée, combien douloureuse !
J'ai mal de voir les hommes souffrir !
Trois femmes dans les champs se baissent, et dans leur geste, toute la beauté des traditions, toute la simplicité, toute cette force unifiée, tout le poids de leur fatigue aussi !
J'ai marché et, sur la route, j'ai rencontré le soleil.
J'ai saisi de leur grâce les fleurs, le parfum des abeilles qui butinent dans la poussière dorée de l'été, j'ai rencontré le chant des arbres... Mais l'enfer était à mes pieds !
Dure sueur des fronts meurtris, les mains rugueuses du long jour.
Rires étouffés qui m'appellent presque sournoisement et je ne pense qu'à déguerpir.
Océan sans rivage (Écrits de jeunesse)
Blason de Champsac (Haute-Vienne)
D'azur à la paysanne vêtue d'or, semant dans le vent une plaine labourée de gueules.
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