Peinture d'Ambrogio Lorenzetti (Sienne, 1290-1348)
Le temps n'est plus. Le temps a toujours été une duperie des hommes.
La vie n'a jamais cessé d'être une éternité.
Je les vois tous ces hommes se presser, se meurtrir le fond de l'âme pour l'oublier, l'effacer.
Les hommes n'ont plus d'âme.
Le temps les ensevelit peu à peu et leur existence n'est qu'une illusion de vie.
Elle n'est plus qu'un lambeau lamentable de mort.
Le temps, c'est la mort !
Pourquoi se préoccuper du temps, pourquoi sans cesse vouloir l'emprisonner ?
Simple illusion, c'est nous que nous emprisonnons.
En fait, nous avons peur.
Tout le monde a peur.
Et tout le monde veut fuir le vaste univers chaotique et perverti.
Je voudrais soudain crier.
Si cela était possible : ouvrir la bouche et émettre un long et disgracieux cri... le cri du désespoir.
Mais non.
C'est comme dans un rêve gluant, lourd et lointain.
Notre cœur s'étire à l'infini, doucement, atrocement.
Aucun son ne sort.
Le désespoir est muet.
Les plaintes sont mensongères.
Je voudrais crier.
Seulement je ne crierai pas, car dans le fond, c'est d'une banalité grotesque.
Or, je n'aime pas la banalité.
C'est pire que le désespoir puisque c'est la médiocrité.
Je souhaiterais me fixer en cet instant précis, n'être plus qu'une pensée figée dans le temps, dans l'espace.
Le mouvement perpétuel des hommes me fait mal.
J'apprends que je dois les suivre pour ne pas sombrer.
J'aimerais rester ici, toute seule dans cette chambre, à me croire loin d'un monde que je méprise et qui m'angoisse.
Il s'agit d'un monde si hostile.
Comme je crains de n'être plus rien qu'une machinale présence !
D'être engloutie parmi les autres êtres, avalées dans leur anonymat.
Océan sans rivage (Écrits de jeunesse)
Blason de la famille Weber (Berne, Suisse)
Océan, je ne crois jamais que vous pourriez être ni "une machinale présence" ni "engloutie parmi les autres êtres".
RépondreSupprimerVous êtes unique et le resterez. Nous avons tous peur et c'est pourquoi nous avons tant besoin d'une main amie.
Amie vous êtes aussi cette main.
Merci Luciole et je sais votre présence.
SupprimerCet écrit date de mon adolescence.
La vie entière est une main offerte en Sa Sagesse.
Elle est notre Livre et notre Lecture.
Elle est Son Témoignage.
Elle est Son Offrande.
Elle est Son intelligence.
Elle est Sa Profusion.
Elle est Son Verbe.
Elle est Merveille.
Elle est L'Ami.
Un jour, lors que je me trouvais à rencontrer un homme hors du temps, un de ces anonymes qui sont des perles au monde, je le remerciais d'être.
Il me répondit ceci : " Une main ne suffit pas.
Et il frappa de ses deux mains. Puis il ajouta : " Ce sont les deux mains qui font La Rencontre ".
Merci Luciole d'être.