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samedi 4 août 2018

Les plantes qui nourrissent : les fruits



Henri Coupin (1868-1937) fut un botaniste, attaché à la chaire de botanique de la Sorbonne. Ses livres de vulgarisation ont connu un énorme succès. En 1904 paraît Les plantes qui nourrissent - Les plantes qui guérissent - Les plantes qui tuent, un ouvrage de référence devenu un classique.

PLANCHE IV

22. AIRELLE ROUGE (Vaccinium vitis-idæa)
ou Herbe rouge

Cette vacciniée est un tout petit arbrisseau qui pousse dans les bois montagneux. Sa fleur (b) est blanche. Ses fruits sont des baies rouges comestibles et dont on peut faire des compotes ou des confitures.


23. FRAISE (Fragaria) 

D’après les renseignements donnés par M. Henri Coudon, la culture de la fraise est relativement récente puisqu’elle ne remonte qu’au XVIe siècle. Après être restée longtemps limitée au potager et au jardin fruitier, elle a pris de plus en plus d’extension, et aujourd’hui elle occupe des surfaces importantes. Les principales variétés cultivées sont : la Marguerite Lebreton, la Victoria et la Vicomtesse Héricart de Thury.

La presque totalité de ces fraises est expédiée à Paris et à Londres, puis à Lyon, Genève, Montpellier et Cette. En Bretagne, il existe également de grands centres de production. A Plougastel, on cultive plus de 500 hectares de fraisiers, dont les produits sont expédiés surtout en Angleterre. Aux environs de Paris, on s’adonne beaucoup à cette culture depuis quelques années. Dans la vallée de l’Yvette, il existe environ 300 hectares de fraiseraies ; on en compte de 800 à 1000 dans les communes que traverse la Bièvre, avant d’entrer dans Paris, et plus de 500 dans la vallée de l’Orge.

A Paris, la fraise est, sans contredit, le fruit qui se vend le mieux et celui qui arrive en plus grande quantité sur le marché. Les forts arrivages aux Halles durent environ six semaines. Ils comprennent, en premier lieu, les fraises du Midi de la France, qui arrivent par chemin de fer, pendant 21 jours. Puis ces arrivages cessent et sont remplacés par les apports directs des cultivateurs qui amènent, au moyen de voitures, les fraises plus tardives des environs de Paris et dont la saison dure également 21 jours. La vente subit des fluctuations assez grandes, comme on le voit par les chiffres suivants : 1895, 330 285 kilogrammes, 1896, 328 155 kilogrammes ; 1897, 508 510 kilogrammes ; 1898, 181 610 kilogrammes ; 1899, 266 320 kilogrammes.

Mais le pavillon officiel de la Ville de Paris (pavillon n° 6) est concurrencé par environ 80 maisons de commission et 50 approvisionneurs qui, par suite d’une tolérance de la Préfecture de police, vendent également de la fraise dans le périmètre des Halles et sur le carreau forain. Il en résulte que les transactions sur la fraise sont plus importantes au dehors que dans le marché officiel.

On estime que les quantités vendues au pavillon n° 6 ne représentent que 1/40 des apports généraux faits par chemin de fer et on évalue à 12 810 000 kilogrammes la quantité de fraises arrivant annuellement par voie ferrée et vendue dans le périmètre des Halles. Au « carreau forain », on en vend environ 5 750 000 kilogrammes, ce qui fait en tout 18 560 000 kilogrammes. Il est facile d’évaluer le rendement en argent de la vente de ces fraises. Les prix pratiqués au pavillon n° 6 ont été, en 1899, d’après les relevés officiels, de 1 fr. 07 à 0 fr. 56 le kilogramme, soit en moyenne de 0 fr. 81 le kilogramme. Au carreau forain, le prix moyen a été de 0 fr. 70. La valeur totale des fraises vendues à Paris en 1899 a donc été de 14 401 100 fr.

Après les deux grandes saisons dont il a été parlé plus haut, il arrive de Rouen, Bourg-la-Reine, Saint-Cloud, etc., de petites quantités de fraises des quatre saisons. Ces arrivages durent de juin à octobre ; ils sont peu importants, environ 100 kilogrammes par jour. Les prix varient de 2 à 3 francs le kilogramme et le chiffre de vente annuel dépasse rarement 35 000 francs.

La culture de la fraise est très rémunératrice, mais elle exige beaucoup de soins et de main d’œuvre. Les frais d’établissement d’une fraiseraie sont élevés et sa production n’est guère que de trois années. Même dans les meilleures terres à fraises, la fumure donnée au début agit surtout sur les deux premières récoltes, et après la troisième, le cultivateur se trouve dans la nécessité de retourner son champ pour procéder à une nouvelle plantation.

Des constatations faites par M. Coudon, il résulte qu’après avoir été essayée dans presque toutes les communes des environs de Paris, la culture de la fraise s’est concentrée à peu près exclusivement sur les terres qui appartiennent à la formation dite des sables de Fontainebleau. Ces sables forment des sols légers, siliceux, profonds, drainés naturellement et dont les propriétés physiques conviennent parfaitement à la culture du fraisier.

L’ennui des fraisiers, c’est que ce sont des plantes très exigeantes, surtout en azote et en potasse, et que, par suite, elles épuisent rapidement le sol. Les petites fraises des quatre saisons sont, à cet égard, les plus désagréables. Dans les grosses fraises, les exigences sont différentes, suivant les variétés. Les suivantes peuvent se classer, à ce point de vue, par ordre décroissant : Président Thiers, Jucunda, Eléonor, Sir Joseph, Paxon, Héricart de Thury. Cette dernière est celle que les marchands fruitiers, peu respectueux de l’exactitude, appellent « la Ricar » ; c’est d’ailleurs elle qui, à égalité de végétation, donne les plus forts rendements en fruits.

M. Coudon a constaté que le fraisier est extrêmement sensible à l’action des engrais chimiques mis au printemps en couverture. Chacun des trois éléments fertilisants fondamentaux, azote, acide phosphorique, potasse, a une action très marquée sur la production des fraises. Avec une fumure au nitrate de soude, superphosphate et chlorure de potassium, représentant, comme prix d’achat, une dépense annuelle de 330 francs par hectare, on a vu augmenter la récolte de fraises de 47,80 % en 1897 et de 85,7 % en 1898. Cette fumure complémentaire a procuré une augmentation de bénéfices nets, par hectare, de 3 000 francs en 1897 et de 2 940 en 1898. Si on compare la valeur argent des engrais chimiques ajoutée à celle de l’excédent de récolte résultant de leur addition, on voit qu’avec une faible dépense on peut, sans nuire à la qualité des fraises, obtenir une surproduction importante se traduisant, tout compte fait, par un bénéfice net très élevé. Enfin, résultat non moins intéressant, par l’addition d’engrais chimiques, il est en outre possible de prolonger la durée d’une fraiseraie au-delà des limites adoptées par la pratique culturale.


24. VIGNE. (Vitis vinifera) 

La vigne représente la plus grande richesse du sol français, qui se prête admirablement à sa culture, et donne des produits d’une finesse appréciée dans le monde entier. On sait que c’est une plante ligneuse dont les rameaux grimpent à l’aide de vrilles. Les fleurs (b) sont disposées en grappes et ne présentent d’autres particularités que d’être vertes et de s’épanouir en rejetant le calice en un seul bloc. Aux fleurs succèdent des baies vertes ou noir bleu dont la saveur sucre est appréciée de tous. Ces baies, pressées, laissent écouler un jus sucré qui ne tarte pas à fermenter et à donner du vin. En distillant le résidu solide du pressage, on recueille une excellente eau-de-vie de marc. La culture de la vigne n’est pas par elle-même très difficile, mais elle le devient par suite des très nombreux ennemis qui l’attaquent. Ces ennemis sont représentés surtout par des champignons microscopiques : c’est l’Oïdium, le Mildiou, le Black-rot, l’Anthracnose, le Pourridié, etc. ; on en vient à bout notamment à l’aide de la « bouillie bordelaise », mélange à base de sulfate de cuivre, et des pulvérisations de soufre. Les ennemis animaux ne sont pas moins nombreux : l’Altise, la Cochylis, etc. et surtout le phylloxéra, petit puceron qui attaque les feuilles et les racines. Il y a un certain nombre d’années, il a failli anéantir le vignoble français ; on en est venu à bout, après une lutte opiniâtre, à l’aide de traitements appropriés (inondation momentanée des vignobles, injection de sulfure de carbone dans le sol) et l’emploi, en greffage, de cépages américains, qui ne sont pas attaqués par le phylloxéra.


25. HOUBLON (Humulus lupulus) 

Le Houblon, de la famille des urticées, est une planche grimpante, dont la tige s’enroule autour des supports. Elle est dioïque, c’est-à-dire qu’elle possède deux sortes de fleurs. Les fleurs mâles (b) sont en grappes lâches et ne possèdent qu’un calice et des étamines. Les fleurs femelles (c) sont réunies en cônes (a) qui constituent la partie utilisable. On fait sécher ces cônes à l’étuve, et on s’en sert à aromatiser la bière ; pour les bonnes bières, il faut en employer environ 1 kilogramme par hectolitre. Avec les cônes seuls et bouillis on peut aussi obtenir une boisson hygiénique, un peu amère.


26. PRUNIER (Prunus domestica) 

Le prunier est un arbre, en général d’assez petite taille, qui porte des rameaux grêles, avec des feuilles allongées et poilues en dessous. Les fleurs naissent sur les rameaux d’un an et donnent un fruit à noyau de forme variable avec les variétés. Celles-ci peuvent en diviser en prunes de table et en prunes de séchage. Les meilleures prunes sont la jaune hâtive, la mirabelle précoce, la reine-claude, la petite mirabelle, la grosse mirabelle, la reine-claude violette, la prune goutte d’or de Coi. Parmi les prunes de séchage, les plus recommandables sont : la quetsche hâtive, la prune d’Agen, la prune de Sainte-Catherine, la reine-claude de Bavay. Toutes ces prunes peuvent se propager pour semis, mais, si l’on veut conserver leurs caractères dans toute leur pureté, il vaut mieux avoir recours au greffage, qui s’opère sur le Prunier Saint-Julien dans les terres de bonne qualité et sur le prunier mirobolan dans les sols calcaires. On cultive en espalier, en palmette, en candélabre, en éventail, en pyramide. Les prunes se mangent fraîches et sont la plupart exquises ; on en fait aussi des conserves à l’eau-de-vie et des compotes. On les sèche sur une grande échelle pour obtenir les pruneaux, dessert recommandable, mais un peu laxatif.


27. GROSEILLIER A GRAPPES (Ribes rubrum) 

Cet arbrisseau appartient à la famille des grossulariées. Ses fleurs sont vertes et disposées en grappes. Les baies qui leur succèdent sont blanches ou rouges ; leur saveur sucrée et acidulée les fait employer comme fruits de table ; mais on en emploie une bien plus grande quantité pour faire de la confiture ou du sirop.


28. GROSEILLIER À MAQUEREAU (Ribes Uva-crispa)
appelé aussi groseillier épineux

Il appartient à la même famille que l’espèce précédente ; ses tiges sont armées d’épines disposées par trois. Les fleurs sont solitaires, rouges, et donnent une baie (b) volumineuse, velue et à goût très acidulé.

Le groseillier épineux est peu cultivé en France, où il est facile de lui substituer, dans les jardins, des arbres de plus de valeur ; il est même à peu près inconnu dans le midi, dont le climat trop sec ne lui convient pas, mais il en est autrement en Angleterre, où sa culture est devenue une branche importante de l’industrie locale. Elle s’y fait sur une assez grande échelle, et nulle part on ne voit de plus nombreuses et de plus belles variétés de cet arbuste. On pourrait presque dire que le groseillier épineux y remplace la vigne, attendu que son fruit, soumis au pressoir, donne une boisson alcoolique, une sorte de vin (goose-berry Wine) qui est loin d’être sans valeur ; néanmoins son principal usage est de servir à confectionner des tartes et autres pâtisseries de ménage très populaires en ce pays, et auxquelles on l’emploie même avant sa maturité. La culture en est soignée ; elle y est d’ailleurs favorisée par le climat frais et humide ; mais elle a un ennemi redoutable dans une petite chenille du groupe des phalènes, qui se multiplie, dans certaines années, au point de ne pas laisser une feuille sur les groseilliers, ce qui annihile la récolte et souvent même compromet la vie des arbustes. De même que les autres groseilliers, celui-ci se multiplie de graines, dont les plants sont élevés en pépinières et mis en place la seconde ou la troisième année ; mais on le multiplie davantage encore de drageons enracinés, qui reproduisent fidèlement leur variété. On l’élève soit en arbuste sur une seule tige, soit en buisson avec plusieurs tiges, quelquefois en palmette d’espalier ou de contre-espalier. On le soumet alors à une certaine taille, qui a surtout pour but de retrancher les branches superflues. Le groseillier ne fructifiant bien que dans les terrains un peu frais, il est avantageux de lui donner quelques arrosages dans le courant de l’été (Decaisne).

Cet arbuste doit son nom un peu bizarre à ce que ses baies, incomplètement mûres, servent souvent, grâce à leur acidité, à assaisonner les poissons appelés maquereaux.

Complément iconographique
"Ce que la forêt offrent aux enfants"
(Chromolithographies allemandes de la Belle Epoque)

Cynorrhodon

Framboises

Myrtilles
 Fraises

Mûres

Noisettes

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