Mon du clan Igetani Janome
Livre 19
Ô Fils, je te parlerai de la pureté, de la noblesse et des prédispositions de l’âme. Ne sois surtout pas affecté par ceux qui t’entourent, car, la nature humaine est encline à la dispersion et à la couardise. Notre vie sociale nous amène à rencontrer toutes sortes d’individus. Si tu peux t’en écarter, fais-le ! Tu seras allégé des problèmes liés à l’envie et à toutes sortes de rapacité qui viennent des humeurs non contrôlées des hommes. La sottise est une hérésie puisqu’elle fait bon commerce avec l’ignorance, or nous savons que l’ignorance est le plus grand péché. La fréquentation de nos semblables impliquent que nous puissions trouver précisément nos semblables. Or, en ces temps de dégénérescence, l’on a tôt fait de déceler le faux, lors qu’il est comme une sorte d’étendard indécent qui flotte en ce vent de dispersion. Je ne sache pas plus volatile que l’esprit du commun. Ils nous voudraient nous plier à leur force illusoire. Pour cela, ils usent de stratégies dont nous ne sommes pas dupes. Sache, Ô Fils, que je vénère en toi L’Homme de Lumière qui s’assoit anonyme auprès de tous. Nul ne sait qui tu es, ni ce à quoi tu aspires. Tu es pareil aux autres et pourtant, la Quête en toi te dépasse. Je t’ai vu marcher puis attendre. S’il n’a pas le pouvoir de changer les choses, un samouraï a pour devoir de se taire face à l’ignorance. Mais, il a aussi pour devoir de s’éloigner de tout ce qui peut lui être nuisible. Mon Maître me disait toujours : « Ceux que tu fréquentes est à révéler ta fréquence vibratoire. De même, si tu restes auprès des sots, alors, tu deviens comme eux. Sois en compagnie de celui qui te nourrit et qui t’abreuve sans te demander le moindre salaire. Sois en compagnie de celui qui chaque jour te donne à ton homme nouveau. Les yeux des hommes avides ne sauraient se satisfaire de toutes les richesses du monde, ni la rosée remplir un puits. Il est si vrai que ceux qui manquent de mérite ne peuvent supporter la vue de ceux qui en ont ; tout comme un bâtard de rue aboie contre un chien à pedigree. En fait, un homme vil, faute d’avoir le mérite nécessaire pour se mesurer au mérite, a recours, par malice et faiblesse, aux insultes. »
Mon du clan Inoji Bishi
Livre 20
Ô Fils, la pleine maturité et le chemin vers la délivrance se gagnent par la solitude la plus extrême. Cette solitude est avant tout une aptitude à s’exiler, même de soi. Cela vient du fait que l’on est à mesurer les choses comme elles passent : or, elles passent. Le Vol d’une mouche est un enseignement. Je m’étonne combien nous sommes peu à faire ces analogies étonnantes que nous renvoie la nature. Le bourdonnement d’un insecte est semblable à certaines paroles qui n’ont que le bruit comme densité. La plupart des gens sont non seulement des êtres bruyants de non-sens, mais leur venin est une gangrène qui donne à comprendre combien ceux qui sont prétendument au pouvoir, ne sont que les masques des visages du peuple déchu. Tel peuple, tel gouvernant. La moelle la plus intime de ceux qui vivent est à se refléter sur le monde mécanique et hoquetant. Voilà pourquoi Les Samouraïs se sont occultés et attendent en l’autre monde. Ils agissent en leur secret le plus profond afin d’unir leurs forces pour enrayer la massive chute des humains. Certains de nos maîtres vénérables parlent de mutation essentielle. L’homme n’est plus qu’un sous-homme, voire pire. Il se comporte avec les humeurs de la plus éhontée poltronnerie. Ne parlons pas de sa pensée réduite à la surface de ses émotions narcissiques. L’homme perd ses qualités et ne se rend compte de rien. Ô Samouraï ! Tant que tu n’es pas sûr de pouvoir parler, n’ouvre pas la bouche. Garde-toi en retrait. Il vaut mieux dire la vérité et essuyer les propos acides des autres que de paraître autre que soi-même. Cherche ton semblable, ou bien demeure en ta solitude ! Cette nudité t’évitera de goûter à la gloriole mièvre.
Océan sans rivage
Sceau impérial du Japon
Se lit aussi sur Naissance et connaissance
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