Décryptage et Revalorisation de L'Art de L’Écu, de La Chevalerie et du Haut Langage Poétique en Héraldique. Courtoisie, Discipline, Raffinement de La Conscience, état de Vigilance et Intention d'Unicité en La Fraternité d'un Nouveau Monde !

samedi 27 octobre 2018

Deux renards


Inspiré d'une fable de Fénelon

Blason de Hažín nad Cirochou (Slovaquie)

Deux renards parvinrent à pénétrer sans ennui
Dans un poulailler empli de pondeuses bien grasses ;
Il fallut œuvrer avant la fin de la nuit ;
D'un jeûne prolongé, l'appétit serait vorace.

Le plus jeune se voulut manger à satiété,
Et profiter pleinement de la providence.
Le plus ancien conseilla la sobriété :
« Ne perdons point la raison d'une telle abondance

Et ménageons dans le temps une sûre provision.
– Je ne crois pas, comme vous, qu'elle soit aussi certaine ;
Il sera longtemps avant une pareille aubaine. »

Mais parfois les faits contredisent les prévisions :
Le jeune mangea à s'en faire éclater la panse ;
Le vieux, d'une récidive, fut réduit au silence.

Marc

Les deux Renards

     Deux Renards entrèrent la nuit par surprise dans un poulailler; ils étranglèrent le coq, les poules et les poulets ; après ce carnage, ils apaisèrent leur faim. L’un, qui était jeune et ardent, voulait tout dévorer ; l’autre, qui était vieux et avare, voulait garder quelques provisions pour l’avenir. Le vieux disait: « Mon enfant, l’expérience m’a rendu sage; j’ai vu bien des choses depuis que je suis au monde. Ne mangeons pas tout notre bien en un seul jour. Nous avons fait fortune; c’est un trésor que nous avons trouvé, il faut le ménager. » Le jeune répondait: « Je veux tout manger pendant que j’y suis, et me rassasier pour huit jours ; car, pour ce qui est de revenir ici, chansons ! Il n’y fera pas bon demain : le maître, pour venger la mort de ses poules, nous assommerait. » Après cette conversation, chacun prend son parti. Le jeune mange tant, qu’il se crève et peut à peine aller mourir dans son terrier. Le vieux, qui se croit bien plus sage de modérer ses appétits et de vivre d’économie, veut le lendemain retourner à sa proie, et est assommé par le maître.
     Ainsi chaque âge a ses défauts : les jeunes gens sont fougueux et insatiables dans leurs plaisirs ; les vieux sont incorrigibles dans leur avarice.

Fénelon (1651-1715)

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