Blason de Nasavrky (Pardubice, Tchéquie)
Petite homme des profondeurs de la forêt ; petit homme qui tantôt se tait en un long silence, frissonnant à peine de candeur hébétée ; petit homme, parfois lutin aussi des voluptueuses fougères que l’on emporte par brassée, loin en soi, en l’intimité d’une chaumière d’hiver, dont l’âtre crépite sans discontinuer jusqu’au bout de la nuit ; petit homme, tu tiens la main de la petite fille, lui dis quelques mots, sages, qui font écho jusqu’ici et qui ne jamais ternissent de leur rutilance. Je te regarde marcher, étonné, tellement étonné, d’être venu au monde, les yeux plissés de douceurs automnales. Sont-ce les pas qui résonnent sur le trottoir de la cité médiévale, tandis que je sens le froid envelopper ton écharpe au vent léger de ta joie jubilatoire ? Tu m’en dis long encore par ces petits gestes devant la flamme d’une chandelle tremblotante. Puis, tu poses l’objet, tu sais bien, celui qui fait solennellement antiquité, et toute la mémoire du temps des hommes remonte et se bouscule en nous, parlant un peu fougueusement, et je ris de leurs étranges bavardages, lors que les mains s’activent et dansent au pétrissage de l’argile. L’odeur puissante et sauvage des feuillages, en cet humus lissé par la patine de l’âge. Nous avons attrapé au vol les canards sauvages et l’étang nous cache l’énorme carpe qui ondoie doucement, cette taquine ! Les châtaignes mûrissent d’acajou rougeoyant et nous caressent les narines chaudement. C’est souvent que l’on met nos mains en poche, en ces froideurs que chauffent nos amitiés câlines des sous-bois de la saison du châtaigner. Quelques crépitements au souffle du feu joyeux. Petit homme, des paroles, j’en bois comme du silence et j’emporte en moi tous les présents, sur ces allées témoins de nos complicités vagabondes, en l’âme qui toujours est là, de lumière pleine et de vérités profondes que clame, bien souvent, l’automne savoureux. Petit homme, le Jardin est un parterre primesautier ; en chaque seconde que l’on saisit d’être saisis ainsi soudainement, par ces étreintes fluviales des odeurs de La Terre qui se prépare au doux sommeil. Petit homme, je sais que nous nous sommes vus tant de fois, depuis longtemps déjà. Comme le cœur rit des rencontres qui aujourd’hui ont tout leur poids.
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