De la déviance

Blason d'Oranienbourg (Brandebourg, Allemagne)

Dans le fond, il n'y a que la nature de vrai. (1)
Les hommes sont trop changeants, peu dignes de confiance ;
Toujours à courir, sans marquer jamais d'arrêt ;
Rongés par l'inquiétude, la hâte et l'impatience.

Un chêne se mêle-t-il de changer d'écorce ou de feuilles,
Se voulant, au lieu d'un lobé, du dentelé ?
Il est déjà assez d'un automne qui l'effeuille
Et d'un hiver qui de neige le vient manteler !

Et si l'oiseau en avait assez de ses plumes ?
Et la pomme de terre d'être traitée en légume ?
Encore que les progressistes seraient capables

De qualifier la nature de conservatrice
Et d'ourdir contre elle des actions correctrices. (2)
Tel est des hommes l'orgueil incommensurable ! (3)

L'Abbé Théophile

(1) Parce que fidèle et conforme aux lois qui la régissent, selon l'Ordre Divin. Dans un monde fantasque et instable, soumis au fatum aveugle des modes et du changement incessant, inspirés par l'appât du gain, la nature témoigne de la présence du Vivant (qui n'est pas réductible à un ensemble de fonctions utilitaires opérant dans une mécanique hasardeuse mais l'existenciation dans le Multiple de la Conscience Une et Unique).

(2) Pratiques déjà largement effectives par les manipulations génétiques et eugéniques dont beaucoup, par leurs desseins inavouables, sont encore secrètes.

(3) Lequel orgueil transforme la planète en poubelle, répandant partout la laideur * et normalisant l'inversion des valeurs, jusqu'à vouloir l'imposer même.

* Jamais je n'ai rien vu de laid dans la nature ; il n'est point d'objet que l'ombre, la lumière, la perspective, ne puissent rendre agréable. Victor Cherbuliez (1829-1899)