Blason de l'École secondaire de Bichurinskaja (Tchouvachie, Russie)
Chaque moment est une précieuse fenêtre ouverte sur l’évanescence des choses et, des subtilités, il en éprouvait les douceurs de l’émoi, celui qu’il qualifiait aux beautés du crépuscule, saveurs féminines, car, de langueur et de nostalgie, son âme éprise se sentait comme enveloppée de promesses non-tenues, de mots à peine esquissés, d’élans maintes fois renouvelés, de limites distendues, d’audaces contenues, de fragilités hésitantes. De cette parfaite union dont il méconnaissait encore le juste équilibre, il y était sans le savoir, démesurément sensible, à fleur de peau et d’âme. Chaque image devenait une scène qu’il fixait dans l’œil de sa mémoire et il ne pouvait se défaire de la hantise de posséder. Cette volonté toute entière l’étreignait douloureusement : posséder jusqu’à l’usure de la possession, ne plus être maître de cette aspiration. Posséder, sans pour autant céder à l’angoisse de ne plus posséder. Trouver cette ligne tendue comme un fil de soie que l’on ose à peine tenir, si frêle entre les doigts. Comme des choses, des objets, il en était aussi de même pour les sentiments : s’enthousiasmer de L’Enthousiasme, basculer dans l’exaltation palpitante des vibrations illocutoires. La nature, ainsi que les douces approches affleurantes que lui offrait la concrétude de certains ouvrages, la terre jaillissante tel un océan de puissantes exhalaisons, l’envoûtaient. Pouvait-il échapper à cette prégnance voluptueuse ? D’avoir dormi souvent à la belle étoile, il s’était imbibé des violences de la nuit, lors que la forêt parfois se distordait de peur. Mais, la solitude devenait sa compagne et cette conscience singulière lui soufflait au creux de sa paisibilité naturelle, la vastitude des horizons. Il se savait inquiet de son inquiétude en cette impossibilité de fuir, en cette impossibilité de formuler les choses en leur souveraine clarté. Combien de fois avait-il porté son regard, loin, dans l’infinitude des songeries au suspens de son essentialité ? Plonger, gourmand, au milieu des tentacules de pensées sauvages, indisposé qu’il était d’entrer dans aucun système connu. Sa jeunesse le donnait à cette vibrante euphorie, à cette liesse incommensurable, à ce dérèglement des sens aussi. Pourtant, bien plus tard, il lierait enfin cela au parchemin de vie, phrasé de cohérence. Le destin est certes frémissant à L’Aube et le soir tombé, l’on se penche lentement sur les rives où s’entrelacent les événements. Bien plus tard aussi, il découvrira la rage illusoire qu’il avait de jeter sur les autres, les tensions de son âme et de ses passions. Mais, il était d’abord terrien, profondément enraciné dans les scènes incessantes d’antan, les parfums cruciaux qui semblaient souvent l’emprisonner. Son regard était comme focalisé sur les gestes et les poses. Il venait boire, assoiffé, aux images de la vie. Ses yeux étaient tels des fleuves torrides qui venaient irriguer les terres encore désertes de son être.
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