Blason de la Porte de Lanne (Ile-de-France)
De pourpre, au myrte arraché d'argent.
Allégorie 3 – Le Myrte
Á peine le myrte eut-il compris le langage muet de la rose, qu’il lui adressa ces mots dans le même langage :
Déjà, les nuées semblent jouer au trictrac et disséminent des perles éclatantes ; le zéphyr dit son secret ; le béhar jaune répand ses trésors parfumés ; le printemps est fier des guirlandes qui l’embellissent ; les fleurs, ne cherchant qu’a plaire, et non contentes d’orner les jardins les plus beaux, veulent briller dans d’autres lieux ; le rossignol chante ses amours ; le bosquet, rendez-vous de l’amant, reprend son éclat printanier. Viens, ô ma compagne, divertissons-nous, et, fiers de notre beauté, saisissons les moments fugitifs de la joie, sans en laisser échapper la plus petite partie.
La rose, surprise, des leçons du myrte, reprit aussitôt la parole en ces termes : Peux-tu tenir un pareil langage, toi le prince des végétaux odorants ! non, dussé-je te fâcher, ce n’est pas ainsi que tu devrais t’exprimer ; et ton conseil pernicieux te rend indigne du rang distingué que tu occupes parmi les fleurs. Qui pourra atteindre le but, si tu erres ; qui dirigera, si tu t’égares ! Tu engages tes sujets à venir jouer auprès de toi, et tu les excites à se divertir. Quoi ! celui qui est à la tête des autres doit-il avoir des idées si peu saines ! Mais que ta beauté ne t’enivre point, parce que tes rameaux se balancent mollement, que tes feuilles sont d’un vert harmonieux, et que ton origine est noble. Tu es l’image des jours heureux de la jeunesse, qui fuient et disparaissent avec tant de rapidité. Tels sont les instants toujours si courts que l’on passe auprès d’une amante adorée ; tels sont encore ces prestiges fantastiques qui, durant la nuit, viennent assiéger l’imagination , que rien n’interrompt et qui cependant ne peuvent jamais se terminer.
Déjà, à l’aspect du printemps, les champs se couvrent d’un vêtement de verdure qu’ornent mille fleurs, dont les variétés sont aussi multipliées que celles des animaux qui peuplent la terre. De ces fleurs, les unes font le charme de l’odorat et se fanent ensuite ; on tire des autres d’heureuses allusions, et on rapporte leur langage allégorique ; celles-ci sont le jouet des rigueurs du sort ; celles-là, privées de vie, sont étalées sur les tertres de la campagne. Parmi les végétaux, il y en a dont on mange les fruits et qui font la base de la nourriture des hommes ; mais bien peu échappent aux flammes dévorantes ; et cependant, si ce n’était la prédestination et la prémonition, ils seraient tous à l’abri de cette fin cruelle. Mon frère, ne te laisse point séduire par les plaisirs apparents que t’offre le caravansérail de ce monde ; les lions du trépas ont la gueule béante pour te recevoir. Voilà l’avis que je crois devoir te donner. Adieu.
Déjà, les nuées semblent jouer au trictrac et disséminent des perles éclatantes ; le zéphyr dit son secret ; le béhar jaune répand ses trésors parfumés ; le printemps est fier des guirlandes qui l’embellissent ; les fleurs, ne cherchant qu’a plaire, et non contentes d’orner les jardins les plus beaux, veulent briller dans d’autres lieux ; le rossignol chante ses amours ; le bosquet, rendez-vous de l’amant, reprend son éclat printanier. Viens, ô ma compagne, divertissons-nous, et, fiers de notre beauté, saisissons les moments fugitifs de la joie, sans en laisser échapper la plus petite partie.
La rose, surprise, des leçons du myrte, reprit aussitôt la parole en ces termes : Peux-tu tenir un pareil langage, toi le prince des végétaux odorants ! non, dussé-je te fâcher, ce n’est pas ainsi que tu devrais t’exprimer ; et ton conseil pernicieux te rend indigne du rang distingué que tu occupes parmi les fleurs. Qui pourra atteindre le but, si tu erres ; qui dirigera, si tu t’égares ! Tu engages tes sujets à venir jouer auprès de toi, et tu les excites à se divertir. Quoi ! celui qui est à la tête des autres doit-il avoir des idées si peu saines ! Mais que ta beauté ne t’enivre point, parce que tes rameaux se balancent mollement, que tes feuilles sont d’un vert harmonieux, et que ton origine est noble. Tu es l’image des jours heureux de la jeunesse, qui fuient et disparaissent avec tant de rapidité. Tels sont les instants toujours si courts que l’on passe auprès d’une amante adorée ; tels sont encore ces prestiges fantastiques qui, durant la nuit, viennent assiéger l’imagination , que rien n’interrompt et qui cependant ne peuvent jamais se terminer.
Déjà, à l’aspect du printemps, les champs se couvrent d’un vêtement de verdure qu’ornent mille fleurs, dont les variétés sont aussi multipliées que celles des animaux qui peuplent la terre. De ces fleurs, les unes font le charme de l’odorat et se fanent ensuite ; on tire des autres d’heureuses allusions, et on rapporte leur langage allégorique ; celles-ci sont le jouet des rigueurs du sort ; celles-là, privées de vie, sont étalées sur les tertres de la campagne. Parmi les végétaux, il y en a dont on mange les fruits et qui font la base de la nourriture des hommes ; mais bien peu échappent aux flammes dévorantes ; et cependant, si ce n’était la prédestination et la prémonition, ils seraient tous à l’abri de cette fin cruelle. Mon frère, ne te laisse point séduire par les plaisirs apparents que t’offre le caravansérail de ce monde ; les lions du trépas ont la gueule béante pour te recevoir. Voilà l’avis que je crois devoir te donner. Adieu.
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